Projet National Erinoh - Guide Ingénierie - Volume 3
Illustration des phénomènes d'érosion interne Guide ERINOH – Érosion interne dans les ouvrages hydrauliques 61 Barrage zoné de 7 m de hauteur (43 000m 3 ), dont la rupture est survenue le 15 juillet 2001 un dimanche matin. Les circonstances de l’accident ne sont pas connues. Le 13 mai 2001, le barrage a anormalement déversé, avec une lame d’eau de près de 10 à 30 cm par-dessus la crête. Des travaux sur l’évacuateur se sont déroulés du 9 au 11 juillet, qui ont conduit à des circulations d’engins sur la crête du barrage ; les auteurs du rapport jugent que les surcharges de circulation apportées par l’engin ne suffisent probablement pas à expliquer une rupture de la conduite de vidange. Le 14 juillet, la retenue était à la cote de RN, avec déversement par l’évacuateur. Le 15 juillet, à 7h30, le témoin constate que le plan d’eau a baissé d’un mètre, et que « un écoulement important se produit au niveau du petit canal prolongeant la conduite de vidange ». Il va prévenir la gendarmerie puis revient au barrage pour constater la rupture du remblai et la vidange de la retenue. Pendant ce temps la gendarmerie se rend rapidement à la ville située 5 km en aval et fait mettre à l’abri les personnes juste avant l’arrivée de l’onde de rupture. Des analyses granulométriques ont été pratiquées sur le matériau de remblai : les arènes sont à granulométrie très étalée (d 60 /d 10 > 100), avec une fraction fine (d 10 ) à moins de 10 μ, et une fraction sableuse importante (d 60 = 1 mm). La densité en place est à moins de 85% de l’OPN. La perméabilité est relativement forte : plus de 10 -6 m/s. Les observations faites par les experts quelques jours plus tard au droit de la brèche situent la résurgence de la ligne de saturation au tiers inférieur du parement aval. Les niveaux piézométriques étaient donc élevés au sein du remblai. Cependant, ce point de faiblesse n’a pas conduit à un glissement en masse du talus aval et n’est pas à l’origine de la rupture du barrage. Les experts écartent une rupture par surverse ou par glissement du talus. Le mécanisme causant la ruine du barrage est l’érosion interne. Ils mettent en avant l’érosion interne comme cause de la rupture, avec de possibles phénomènes de suffusion dans le remblai insuffisamment étanche et compact. L’emplacement de la fuite importante observée juste avant la rupture tend à incriminer l’environnement de l’organe de vidange comme cheminement préférentiel des écoulements et développement de l’érosion jusqu’à formation de la brèche. La galerie de vidange a été emportée par l’accident. Sa structure n’est pas bien connue. Elle était en bois ; les éléments retrouvés à l’aval sont en bon état de conservation. Le parement aval est recouvert d’une importante végétation, y compris de grands arbres. Cette rupture illustre une fois de plus la difficulté d’établir un diagnostic précis d’une rupture par érosion interne.
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