Projet National Erinoh - Guide Ingénierie - Volume 3

Hétérogénéités et défauts Guide ERINOH – Érosion interne dans les ouvrages hydrauliques 197 A Zoeknog (1993) et à Wadi Qattarah (1997) le filtre protège le remblai sauf au contact de la conduite qui passe en dessous et traverse la fondation dans une tranchée comblée par le matériau du remblai. Ce matériau compacté côté sec a une tendance à la dispersion et est emporté dans les fractures de la fondation. Des résurgences apparaissent en fondation ou en pied de digue. Le claquage hydraulique forme un conduit de l’amont jusqu’à l’aval dans la tranchée. La brèche se forme peu de temps après. La fondation de Zoeknog est constituée de dépôts volcaniques et alluvionnaires stratifiés et celle de Wadi Qattarah est calcaire. Le point commun est que les deux sont fracturées. A Quail Creek, les conditions géologiques sont aussi très défavorables. Le substratum est un dôme érodable du Trias constitué d’une série de bancs allant du gypse très érodable au calcaire dolomitique sain en passant par du grès et d’autres sédiments riches en sel. L’insertion de bancs fins à forte teneur en gypse soluble d’une part et la présence de trois fractures quasi verticales qui n’ont pas été vues par les reconnaissances, alors qu’elles ont été responsables des percolations importantes au contact du matériau, sont les causes du conduit qui a mené à la rupture. Des conduits se sont formés à la faveur de karsts en fondation calcaire (barrage de Lar) mais aussi dans certaines marnes (barrage de Lafage) et dans les latérites sous forme de canalicules (barrages de Comoé et Bagré). La mise en eau de la retenue peut conduire à des débourrages dans les conduits karstiques, jusqu’à former des conduits qui débouchent dans la retenue ou carrément dans le barrage. 32 fontis sont apparus après le chargement d’une crue exceptionnelle au barrage d’El Gassanieh, le dernier étant sur le parement amont du barrage. Au sens strict du terme, l’érosion par conduit en fondation calcaire ne peut pas se produire tant que les matériaux rocheux résistent à l’érosion. Au barrage de Lafage, il y a eu d’impossibilité de remplir la retenue, après débourrages dans les conduits karstiques. Les risques sont pour les remblais sus-jacents : un conduit karstique qui débouche sous un barrage en remblai forme un défaut dangereux : un exutoire possible pour les matériaux érodés. La prise en compte d’un tel défaut se fait en examinant le risque d’érosion interne du remblai du barrage. Situations à risques Les failles, les diaclases ouvertes et les karsts pouvant déboucher sous le barrage constituent un grand danger, car ils peuvent causer des conduits de grandes dimensions, capables d’évacuer des débits forts et d’accueillir de grandes quantités de matériaux érodés sans se colmater. Ces accidents géologiques expliquent que la très grande majorité des ruptures survient à la mise en eau. Plus généralement, toute situation de fondation d’un barrage en remblai sur fondation rocheuse doit être considérée à risque, tant que la démonstration n’a